"Le conte est un soin. Ecrire son propre conte c'est fabriquer son propre médicament, exactement adapté. "

Evelyne Plantier (Ateliers d'écriture partagés)

 

Les contes et la mythologie existent probablement depuis la nuit des temps, avant que l’écriture ne permette la transmission, dès lors qu’il s’est agi d’inventer des histoires pour transcender les peurs et les questions sans réponses.

Michèle PETIT, anthropologue et ingénieure de recherche honoraire au CNRS, donne un très bel  éclairage argumenté lors de la  conférence des rencontres nationales « Lire et faire lire », S’accorder au monde,  en 2018. Citant des témoignages de personnes à qui on a lu des histoires dans leur enfance, elle montre comment les textes entendus ou lus ont pu ouvrir une autre dimension sur le monde :

 

« Par le biais des textes qu’on leur lisait et des illustrations qu’on leur montrait, ils avaient découvert un univers parallèle, invisible, plus vaste, plus intense , et qui pourtant les ancrait plus dans le monde réel quand ils y faisaient retour.

Car écouter une langue littéraire, poétique, un peu chantante, donne aux enfants et aux adolescents la possibilité d’éprouver un bien-être particulier, une sensation d’appartenance, d’être à  sa place, de trouver lieu. Sensation momentanée, mais qui s’inscrit dans le corps et l’esprit et laisse des traces. 

C’est comme s’ils s’accordaient, au sens musical du terme, avec ce qui les entoure : non seulement la famille, les amis, les humains, mais encore le ciel, la mer, la montagne, la ville, les animaux, auxquels ils se sentent encore reliés. Partie prenante d’un ensemble, d’un tout.

Grâce à un texte, ils comprennent, non pas par le raisonnement, mais par une sorte de décryptage inconscient, que ce qui les préoccupe est le lot de tous. En fait, quand nous faisons la lecture aux enfants, quand nous leur racontons des histoires, le sens de nos gestes est peut-être avant tout celui ci :

je te présente le monde que d’autres m’ont passé et que je me suis approprié, celui que j’ai découvert, construit, aimé. 

Je te présente ce qui nous entoure et que tu regardes, surpris, me désignant du doigt un chat, une étoile, un avion. 

Je te présente le ciel en chantant « Au clair de la lune, mon ami Pierrot, j’ai perdu ma plume pour écrire un mot… » Et toute la vie, Pierrot et sa plume t’accompagneront quand tu verras la lune. 

Je te présente la mer, je chante « Bateau sur l’eau », je te lis des histoires de pirates et de Robinson. 

Je te présente la montagne, la forêt, le désert, le fleuve, à l’aide de mythe et d’œuvres d’art. 

Je te présente la ville pour que tu puisses y habiter ».

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *